Ismaïla Putuenchi, Artisan fondeur de père en fils
L’art de la fonderie a contribué grandement au prestige et à la réputation du pays Bamoun. Ce savoir-faire porté par des grands maîtres depuis des générations jusqu’à ce jour est l’une des références du peuple Bamoun à travers le monde. C’est la raison pour laquelle les gens viennent de partout pour acheter les objets fabriqués dans les ateliers artisanaux de Foumban.
Pour promouvoir cette technique de travail, les différents monarques qui se sont succédé à la tête du royaume de Nchare Yen ont veillé à ce que la filière soit bien organisée. Ainsi, pour pérenniser cette expertise, les fondateurs de chaque fonderie formaient leurs enfants ou proches, pour que ceux-ci à leur tour face pareil. C’est le cas d’Ismaïla Putuenchi, artisan fondeur qui poursuit l’œuvre laissé par son illustre père.
Installé au lieu-dit village artisanal de Foumban, Ismaïla Putuenchi fait partie des doyens de cet espace marchand qui est exclusivement dédié à la fabrication et à la vente des objets d’art. Le sexagénaire compte à son actif plusieurs années d’expériences dans la profession. Fils, petit-fils et arrière-petit-fils de fondeur, il a débuté sa formation très jeune auprès de son géniteur.
C’est une mémoire vivante qui a assisté à l’évolution de l’art Bamoun. Chaque période imposant un style, il a appris toutes les techniques de transformation du métal. Comme le procédé de la cire perdue, qui est une technique ancestrale qui permet de fondre et de mouler le cuivre. Celui-ci consiste à créer une œuvre qui sera modelée dans un mélange de terre et d’excréments de cheval. Une fois séchée, on l’enduit de cire d’abeille, laquelle sera recouverte à son tour de terre. La cuisson du moule va détruire la cire qui sera remplacée par la coulée du bronze.
Son atelier est l’un des plus anciens du marché. À l’intérieur, les murs portent encore les stigmates de son histoire. C’est une grotte d’Ali Baba qui regorge une variété d’objets d’art. Ils sont pour la plupart fabriqués en bronze, en cuivre et d’autres sont faits à base de terre cuite. Chaque œuvre a une histoire, un message à transmettre qui ne nécessitent pas forcément certains atouts particuliers pour les décrypter. Malgré son âge avancé, Ismaïla Putuenchi n’a rien perdu de sa dextérité. Il travaille toujours avec la même passion et la même détermination. Le seul regret qu’il a, c’est que beaucoup de jeunes ne s’intéressent pas trop au métier comme à son époque.
dartnaud
L'Afrique mon essence, le Cameroun ma muse ... J'aime la tchop (le kouakoukou et le riz), les mots(la poésie), la musique (Bikutsi, Hip-Hop). Blagueur et toujours en mode sourire. Si tu veux me "vexe", touche mes dos !
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